Journée "ON AIR live with..." : Les araignées et leurs toiles En écho à l'exposition de Tomás Saraceno

Le 14/12/2018, à partir de 14h Le concert d’Eliane Radigue est complet.    
Rassemblant des penseurs de différentes disciplines – arachnologues, biologistes, historiens et philosophes des sciences et des médias, compositeurs – cette journée réfléchit sur, et avec des araignées et leurs toiles. Cette journée s’interroge sur les araignées qui nous entourent, leurs corps, royaumes cognitifs et perceptifs, ainsi que la manière dont les connaissances sur ces animaux ont été produites et partagées et comment ce savoir a suscité davantage de recherche et inspiré d’autres domaines – telles les expériences de Tomás Saraceno sur l’hybridité des toiles, ou sur les possibilités d’une communication interspécifique. Simultanément, le séminaire explore les dimensions symboliques et affectives de la façon dont nous regardons les araignées et comment, en leur accordant une attention renouvelée, nous pouvons découvrir de nouveaux liens de connectivité.
 
CONVERSATIONS / 14H – 19H
Les conversations sont en anglais.
Introduites par Rebecca Lamarche-Vadel et  Tomás Saraceno.
Discours d’ouverture par Vinciane Despret.
Proposées et modérées par Filipa Ramos
Avec : Frédérique Aït-Touati, Mitchell Akiyama, Alex Jordan, Jussi Parikka, Christine Rollard et Gabriele Uhl.
L’araignée se présente comme une figure des enchevêtrements – un arachnide à huit pattes qui vit sur cette planète depuis plus de 380 millions d’années, avec plus de 45000 espèces répandues dans de multiples habitats partout dans le monde.
 
CONCERT « JAMMING WITH SPIDERS » / à partir de 19H30
 
CONCERTO POUR ARACHNIDES d’Eliane Radigue
Avec Carol Robinson, Bertrand Gauguet, Julia Eckhardt,Yannick Guedon et Holocnemus pluchei.
Eliane Radigue propose une suite de sa série Occam Ocean, une exploration sonore méditative inaugurée en 2011. Privilégiant des instruments et tessitures à basse fréquence – celles que les araignées sont susceptibles d’entendre – les musiciens joueront en solo, duos ou quatuors de longues notes continues, avec l’espoir de provoquer des réactions chez les araignées et de pouvoir composer avec elles en direct.
OCCAM XXIII, pour Bertrand Gauguet , Saxophone (nouvelle pièce)
OCCAM River XIX , pour Julia Eckhardt et Yannick Guedon, Alto, Baryton.
OCCAM River XXII, pour Carol Robinson et Bertrand Gauguet, clarinette basse, saxophone (nouvelle pièce)
OCCAM XXII, pour Yannick Guedon
OCCAM delta XVI, tous les musiciens, quatuor (nouvelle pièce)
En co-production avec le Festival d’Automne à Paris.
Ce cycle de rencontres est rendu possible grâce au soutien de la

Née à Lisbonne, Filipa Ramos est une écrivaine et éditrice basée à Londres où elle travaille comme rédactrice en chef d’art-agenda. Elle est maître de conférences pour le master de cinéma expérimental de Kingston University et pour le master d’art et d’image en mouvement de Central Saint Martins, à Londres. Elle collabore aussi avec le master de l’Institut Kunst de Bâle. Filipa Ramos est co-commissaire de Vdrome, un programme de projections de films d’artistes visuels et de réalisateurs. Elle a été éditrice associée du journal Manifesta et a contribué à la Documenta 13 (2013) et 14 (2017). Elle a récemment publié Animals (Whitechapel Gallery/MIT Press).

 

Frédérique Aït-Touati est metteur en scène et historienne des sciences. Ses travaux explorent les liens entre sciences, littérature et politique et s’intéressent aux manières de développer une connaissance sensible par la performance et les arts. Son travail a été présenté au théâtre Nanterre-Amandiers, au théâtre du Passage en Suisse, au ZKM en Allemagne, à Londres, à la Kitchen de New York ou au Canada. Chercheur au CNRS, elle enseigne à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et dirige SPEAP, programme d’expérimentation en arts politiques. Elle a notamment publié Contes de la Lune, essai sur la fiction et la science modernes (Gallimard, 2011). Son prochain livre, intitulé Terra Forma, Manuel de cartographies potentielles va paraître aux éditions B42 en mars 2019.

 

Vinciane Despret est une philosophe des sciences belge. Elle est professeure agrégée au Département de philosophie de l’Université de Liège. Penseuse fondatrice de la consolidation des études animales, son approche transdisciplinaire se situe à la croisée de la philosophie des sciences et des pratiques du savoir, de l’éthologie et de l’anthropologie. Ses recherches portent sur la relation entre les observateurs et les observés dans la recherche scientifique. En étudiant “les conséquences politiques de nos choix théoriques”, elle entreprend une compréhension critique de la façon dont la science est fabriquée, en suivant les scientifiques sur le terrain et en observant comment ils se rapportent activement à leurs objets d’étude.

 

Mitchell Akiyama est un chercheur, compositeur et artiste établi à Toronto. Son œuvre éclectique comprend des écrits sur le son, les métaphores, les animaux et les technologies médiatiques. Il crée aussi des partitions pour le cinéma et la danse, ainsi que des objets et installations qui troublent les idées reçues sur l’histoire, la perception et l’expérience sensorielle. Akiyama a effectué un doctorat en communication de l’Université McGill après avoir obtenu son Master en beaux-arts à l’Université Concordia. Il est professeur adjoint d’études visuelles à la Faculté Daniels d’architecture, de paysage et de design au sein de l’Université de Toronto.

 

Alex Jordan est responsable de la recherche (chef de groupe) au département de comportement collectif du Max Planck Institute, rédacteur en chef adjoint de The American Naturalist et responsable de la recherche à l’Université du Texas à Austin. Jordan étudie les systèmes sociaux et collectifs de divers animaux, depuis les insectes et les araignées jusqu’aux poissons, en passant par les humains – la façon dont les individus se rassemblent pour former des groupes beaucoup plus importants, et les règles d’interaction qui régissent le comportement de ces groupes. Son programme de recherche comprend des études approfondies sur le terrain, de la génétique moléculaire et des approches neurobiologiques pour comprendre à la fois les mécanismes et les résultats des interactions sociales.

 

Jussi Parikka est professeur à la Winchester School of Art (Université de Southampton) et maître de conférences en théorie de la culture digitale  à l’Université de Turku. Ses recherches ont porté sur un large éventail de sujets contribuant à une compréhension critique de la culture des réseaux, de l’esthétique et de l’archéologie médiatique de la société contemporaine. Ses livres comprennent la trilogie sur l’écologie des médias – Digital Contagions (2007, 2e éd. 2016), l’ouvrage primé Insect Media (2010) et, plus récemment, A Geology of Media (2015), qui traite des contextes environnementaux de la culture technique des médias et qui a été poursuivi dans la courte brochure A Slow, Contemporary Violence: Damaged Environments of Technological Culture (2016).

 

Christine Rollard est biologiste et arachnologue française. Elle est professeur et chercheuse au Musée national d’histoire naturelle de Paris, où elle est responsable de la conservation des collections d’araignées ainsi que des programmes éducatifs destinés aux écoles et au grand public. Elle est l’auteure d’une cinquantaine de publications sur les araignées. L’activité scientifique de Rollard s’est concentrée sur la bio-écologie, la faune et la systématique c’est-à-dire l’identification et le classement des araignées. Elle a travaillé dans différentes zones géographiques, participant à une quinzaine de programmes d’études sur la biodiversité, en France (Brenne, Auvergne, Normandie, Mercantour, Corse), Outre-mer (Guadeloupe, Martinique et Réunion), Afrique (Guinée et Comores) et Vanuatu (Santo).

 

WORKSHOPS :

 

Roland Mühlethaler est titulaire d’un doctorat en zoologie avec une expertise en communication vibratoire chez les insectes et les araignées. Il travaille comme chercheur associé au studio de Tomás Saracenos à Berlin, où il est profondément impliqué dans la recherche de Saraceno sur la signalisation vibratoire chez les araignées, et dans la capacité de l’araignée et sa toile à propager des signaux vibratoires. Auparavant, il a travaillé comme biotaxonomiste aux Musées d’histoire naturelle de Bâle, Cardiff, Paris et Berlin. Ses autres intérêts de recherche comprennent la phylogénie et la taxonomie de l’hémiptère (principalement Cicadomorpha), et sa morphologie fonctionnelle.

 

Peter Jäger est un arachnologue allemand actuellement chef du département d’arachnologie à l’Institut de recherche et musée d’histoire naturelle Senckenberg à Francfort, en Allemagne. Il a commencé à collaborer avec Tomás Saraceno en 2009, aidant l’artiste à identifier les meilleures espèces d’araignées (Latrodectus mactans connue sous le nom de la veuve noire) dont la toile pourrait être utilisée pour développer ce qui deviendra plus tard la technique du Scan de toile d’araignée développée par Tomás Saraceno pour créer des modèles en 3D de toiles complexes. Les recherches de Jäger portent sur la taxonomie des araignées et il a décrit plus de 330 espèces d’araignées comme étant nouvelles pour la science – dont Heteropoda davidbowie, qu’il a nommé en l’honneur du chanteur David Bowie. En 2001, il a fait l’objet d’une attention particulière dans les médias lorsqu’il a décrit la plus grande araignée connue au monde, Heteropoda maxima, une araignée laotienne dont l’envergure des pattes peut atteindre 30 cm. Jäger a fondé la Société Asiatique d’Arachnologie (2012) et a organisé des congrès en Allemagne et au Laos. Il a été président de la Société germanophone d’arachnologie (2004-2010), membre du conseil de la Société internationale d’arachnologie (2004-2010), éditeur associé (Zootaxa) et membre du comité de rédaction (Acta Arachnologica Sinica, Arachnology letters). Il est co-éditeur du World Spider Catalog, correspondant allemand de la Société Internationale d’Arachnologie et membre du comité d’experts de ‘Spiders of Europe’.

 

CONCERT :

 

Née en 1932, Eliane Radigue est une compositrice de musique électronique, pionnère de la musique expérimentale en France. D’abord élève de Pierre Schaeffer dans les années 1950 puis assistante de Pierre Henry, c’est au sein du studio Apsome qu’elle développe sa propre technique. Ses premières compositions ont été présentées à la fin des années 1960 et pendant cette décennie, elle voyage régulièrement aux Etats-Unis et rencontre les figures majeures de la musique minimaliste comme LaMonte Young, Philip Glass, Alvin Lucier et Steve Reich. Elle découvre à New York le synthétiseur modulaire qui deviendra son instrument principal jusqu’à la fin des années 1990, le ARP 2500. Après un engagement profond avec le bouddhisme tibétain qui a commencé en 1975, Radigue a publié certaines de ses œuvres les plus connues, Adnos I, II, III (1975-1979), Jetsun Mila (1987) et Trilogy on Death, Intermediate States (1988-1993). Depuis 2001, elle compose principalement pour instruments acoustiques : d’abord Naldjorlak, son grand trio pour deux cors de basset et violoncelle, et maintenant la série OCCAM OCEAN, toujours en expansion, de pièces solo et d’ensemble qui se réunissent en formations orchestrales. En l’honneur de ses contributions à la musique électronique et à l’art sonore, Radigue a reçu le Nica d’or du Prix Ars Electronica en 2006.